Le temps qu'il fait, le temps qui passe.


Je sais bien que c'est un truc de vieux, on parle du temps (la météo), pour ne pas parler du temps qui passe. Mais comment faire autrement que de parler de ces nouvelles dévastations du vignoble par la grêle? Cette année (et nous ne sommes que le 7 juillet!), ça commence à faire beaucoup!
Car, même si je ne sais pas encore si le vin de 2014 aura, comme celui de 2013 (humour…), de façon inéluctable le "goût de grêle" évoqué par une journaliste parisienne, je sais déjà que pour beaucoup de copains, le millésime aura un goût amer. Il y a eu le Médoc et Cognac, puis le désespoir des Bourguignons de Volnay et de Meursault (une nouvelle fois, je vous embrasse, Alix et Jean-Marc). Hier, c'est le Languedoc qui a morflé, principalement le département de l'Aude, avec un "couloir" qui s'est étendu de la Malepère au Minervois, allant même frôler Saint-Chinian dans l'Hérault. Au total, sur 70000 hectares de vignobles, 15000 ont été touchés et 600 000 hectolitres de récolte seraient perdus. Bref, comme le souligne la Chambre d'Agriculture, il s'agit d'une catastrophe économique, la plus lourde pour ce département depuis les inondations de 1999.


En Malepère, ça a cogné dur vers Arzens où le jeune Frédéric Palacios a vu la récolte du Mas de mon Père détruite. Dans le Minervois, certains villages, comme Tourouzelle, La Redorte, Puichéric, les dégâts sont colossaux, jusqu'à 100% de vignes détruites. J'ai ainsi de mauvaises nouvelles en provenance du Viala, le splendide domaine de Régis Cogranne dont je vous avais parlé ici. En revanche, mes chers coteaux de La Livinière, et la partie carignanesque des balcons de l'Aude, vers le célèbre Clos de l'Azerolle de l'ami Raymond Julien à Badens ont été épargnés.
La grêle a touché jusqu'à la frange septentrionale des Corbières, au nord de Lézignan. À Montbrun, Alexandre They a lui aussi été dévasté, au propre comme au figuré. Comme il le dit, alors que ses vins, parmi les plus gourmands de l'appellation, commencent à être célébrés un peu partout, "je vais passé un été morose". On pense à toi, Alexandre, je me souviens notamment des bons canons que j'avais embarqué chez toi à Vinisud! À très bientôt, mon pote, c'est encore un secret, mais début août, notre chapiteau ambulant, à peine revenu de Gascogne, sera tout près de chez toi, à Félines-Minervois, chez le Sorcier; de sa part, je t'invite à boire un coup avec nous et, surtout, à venir y faire connaître tes beaux corbières!


Mais quitte à passer pour un radoteur, je le répète, interrogeons-nous un peu sur notre façon de vivre, de consommer et surtout de voyager. Que ce nouvel épisode orageux comme on dit dans le poste, et les énormes dégâts qui en résultent nous incite à réfléchir sur les conséquences de nos abus de confort.
Même si concernant la grêle, il faut continuer d'étudier la réelle efficacité des méthodes de lutte, continuer de progresser dans la protection des cultures, pour ce qui est de l'indiscutable réchauffement climatique, nous n'avons pas fait grand chose. Et ce n'est pas que l'affaire des gouvernements! On me traite d'intransigeant, de "Khmer vert", quand (c'est anecdotique certes mais tellement significatif d'un certain je-m'en-foutisme) je me moque des champions du vin "plus propre que propre" qui font des courses de bagnole et se régalent de polluer, ou quand je peste vers les défenseurs de la bouffe chimique, mais il serait temps d'agir réellement et d'arrêter de détruire à tout-va. Il serait temps de se rendre compte que ça dépend de chacun de nous, que ce n'est pas que la faute du voisin, que nous sommes coupables.
Sur ces bonnes paroles, dont j'espère qu'elles ne resteront pas lettre morte, je vous offre en lot de consolation l'image d'un de ces petits bonheurs que le Ciel parfois injuste nous offre quand il mouille la Terre. C'était ce matin à Auvillar, voyons ça comme un message d'espoir. Un rappel à la Nature aussi.




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